Pourquoi le Québec a-t-il connu une tempête aussi violente?

Ecrit par Dominique Thomas
– 8 juin 2022
Photo JS

Orages destructeurs au Québec : d’où viennent-ils?

Le 21 mai 2022, le Québec a été le théâtre d’un épisode orageux d’une rare violence. Arbres déracinés, pannes de courant majeures, voitures et maisons endommagées… Les assureurs ont été bien occupés dans les jours qui ont suivi. Cet événement a été causé par un phénomène météorologique que l’on connaît peu dans la province : un derecho. En quoi consiste-t-il? Est-il susceptible de se reproduire, vu le contexte des changements climatiques? Voici un bref regard sur ce type d’orage inusité.

Qu’est-ce qu’un derecho?

Il s’agit d’une ligne d’orages qui se déplace très rapidement et produit de forts vents. Certaines rafales peuvent ressembler à des tornades, à la différence que les vents sont horizontaux, le long du sol, au lieu de former une rotation. Le nom derecho viendrait d’ailleurs de l’espagnol, langue dans laquelle ce mot signifie « tout droit ».

Pour qu’un orage soit qualifié de derecho, il doit répondre à certains critères, dont voici quelques-uns :

  • S’étendre sur une zone de plus de 400 km
  • Présenter une zone concentrée de dommages causés par des rafales descendantes
  • Entraîner au moins 3 rafales de 120 km/h ou plus, séparées d’au moins 64 km


Dans un article de Radio-Canada, le météorologue Simon Legault indique qu’il est plutôt rare d’en apercevoir à notre latitude, mais que ce phénomène est plus courant aux États-Unis. En ce sens, les sources varient. Certaines indiquent que seuls quelques véritables derechos seraient enregistrés dans le monde chaque année. D’autres mentionnent que le sud du Canada y est susceptible une fois tous les quatre ans, et que le sud de l’Ontario connaît environ un derecho par année.

Pourquoi au Québec?

La dernière fois où la province a connu un tel événement remonte à 1999. Un derecho se forme lorsque des masses d’air chaud et froid se rencontrent, créant un phénomène de convection. La canicule précoce dans les jours qui ont précédé la tempête y serait donc pour quelque chose. Si vous vous rappelez, des records de chaleur ont été battus à Québec et à Montréal dans la semaine du 10 mai, avec un mercure atteignant 30 °C plusieurs jours de suite — une première à cette période de l’année depuis que l’on enregistre les données météorologiques. Lorsqu’un front froid a ensuite « heurté » la chaleur emmagasinée, un derecho s’est formé.

Le saviez-vous?

Le derecho du corridor Québec-Windsor a déjà sa propre page Wikipédia! On y rapporte notamment que la pointe de vent la plus forte a été établie à 190 km/h et que la tempête s’est échelonnée sur 9 heures.

Un phénomène appelé à se reproduire

Bien qu’on ne puisse attribuer un seul événement exceptionnel aux changements climatiques, l’augmentation de la fréquence de phénomènes rares montre bien un dérèglement météo. Selon le climatologue Alain Bourque, directeur général d’Ouranos, des phénomènes comme le derecho que nous avons connu seront appelés à se reproduire dans le futur. Les changements climatiques entraînent de plus en plus de variations de température qui nourrissent l’énergie de systèmes orageux.

Que peut-on faire pour s’y préparer? D’abord, lorsque l’on reçoit un avis météorologique indiquant un risque de tornade, il faut se réfugier dans une habitation fixe; idéalement, au sous-sol, loin des fenêtres. Les tentes, les voitures, les roulottes et les véhicules récréatifs sont à éviter, car ils ne fournissent pas une protection suffisante.

Le climatologue Alain Bourque suggère également de modifier les normes de construction afin de rendre nos habitations plus solides face aux grands vents et plus résistantes aux inondations. De plus, il faut verdir les villes et restaurer ou conserver le plus de milieux humides possible, car ces zones absorbent l’eau et jouent un rôle clé dans l’écosystème.

Finalement, mieux vaut être réaliste : ces événements se reproduiront. Il est désormais trop tard pour éviter les effets des changements climatiques. Continuons de lutter contre ces changements en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre et faisons preuve de la créativité dont l’être humain est capable pour s’adapter! Et si, malgré tout, vous subissez des dommages qui nécessitent une relocalisation temporaire, nous serons là pour vous épauler.

Veuillez prendre note que nous serons en effectif réduit dès le 16 juillet 2024 jusqu’au 7 août 2024.